STIM POUR ELLE

Christelle OGO, Présidente de STF

La science et l’égalité entre les sexes sont essentielles pour réaliser les objectifs de développement et atteindre les cibles définies dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. La Côte d’Ivoire, consciente de cet enjeu, exprimait, déjà, dans le Plan National de Développement du secteur Education/Formation (PNDEF-1998/2010), sa volonté de réduire toutes les disparités en matière d’éducation.

Ainsi, la mise en œuvre de ce plan a permis d’améliorer l’accès des filles à l’école et surtout aux filières scientifiques. En dépit de cette volonté et des efforts du Gouvernement, la participation égale, pleine et entière des filles dans les sciences n’est pas encore une réalité. Celles-ci restent minoritaires dans les filières scientifiques tant dans le second cycle de l’enseignement secondaire, que dans l’Enseignement Supérieur en Côte d’Ivoire. En effet, au niveau de l’enseignement général, pour cette année académique 2021-2022, sur un effectif de 298 471 élèves inscrits en séries scientifiques (C/D), on dénombre 110 654 filles contre 187 817 garçons, soit un pourcentage de 37,07% (Source : Statistiques scolaires de poche de la DESPS/ 2021-2022). En classe de Première et Terminale C, singulièrement, sur un total de 6 378 élèves, on compte un effectif de 2 048 filles pour 4 330 garçons, soit deux fois moins l’effectif des garçons.

Au niveau de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (ETFP), le Plan National de Développement (PND 2016 -2025) montre que « les effectifs scolarisés ont presque triplé depuis 2005, s’établissant à 105 353 apprenants en 2016 dont 49% de filles. Cette évolution est imputable à l’accroissement des effectifs dans l’enseignement technique tertiaire qui représente 72,5%. La quasi égalité observée entre l’effectif des filles et celui des garçons masque toutefois une faible présence des filles dans les secteurs agricole et industriel, soit respectivement 8,6% et 18,3% des effectifs au contraire des filières tertiaires où elles constituent la majeure partie des effectifs avec une proportion de 60,7%. »

Par ailleurs, les statistiques du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique révèlent que pour l’année académique 2021, il n’y avait que 35,89% de filles dans les filières des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques. Ces chiffres expliquent la faible représentation des dames dans la sphère professionnelle des sciences, de la technologie et de l’industrie. A titre d’exemple, au niveau du personnel enseignant du Ministère de l’Education Nationale, sur 78 147 enseignants du secondaire, on enregistre 11 357 dames dont 1 445 qui enseignent les mathématiques, la physique-chimie, les sciences de la vie et de la terre et les technologies de l’information et de la communication contre un effectif de 66 790 hommes, soit 2% de femmes et 88% d’hommes.

Selon le rapport phare de l’UNESCO sur l’éducation des filles et des femmes aux sciences, technologies, ingénieries et mathématiques (STIM), les filles ne sont que 35 ⁒ à travers le monde à étudier dans les disciplines STIM au niveau de l’enseignement supérieur.

Cette sous-représentation des lycéennes et des dames dans les STIM s’explique par des facteurs nombreux et complexes, notamment les attitudes socioculturelles des parents à l’égard de l’éducation des filles, celles des enseignants vis-à-vis des jeunes filles qui étudient les disciplines scientifiques et celles des jeunes filles, elles-mêmes, qui perçoivent généralement ces filières comme l’apanage des garçons. Les résultats de l’étude Ladies Four Mathématiques, menée par l’Ecole Nationale Supérieure de Statistiques et d’Economie Appliquée (ENSEA), relative aux déterminants de la sous-représentation des filles et des femmes dans les STIM sont interpellants. En effet, 51% des femmes pensent que les femmes disposent d’un talent inné en littérature ; 47% estiment qu’elles ne sont pas douées pour les sciences ; 35% des femmes estiment que les hommes ont un talent naturel en sciences ; 51% des femmes estiment que certains métiers des sciences conviennent mieux aux hommes. Ces représentations sociales, à tous les niveaux, impactent négativement l’orientation des filles dans les séries et filières scientifiques.

D’abord, dans les familles ivoiriennes, surtout celles du milieu rural, certains parents considèrent que seuls les garçons peuvent faire des études scientifiques. Cette attitude compromet sérieusement les chances des filles d’entreprendre ou de poursuivre des études de sciences.

En outre, dans les classes, certains enseignants de sciences pensent que ce sont les garçons qui sont plus habilités à réussir dans les études scientifiques, de sorte qu’ils accordent plus d’attention à ces derniers et se montrent moins exigeants à l’égard des filles. Ils n’insistent pas suffisamment pour orienter ces dernières vers les études scientifiques. Ces préjugés et ce comportement des enseignants ont sans aucun doute des effets négatifs sur la confiance en soi et les performances des filles qui finissent par abdiquer en déclarant : « les sciences, c’est pour les garçons, ce n’est pas pour nous ».

De plus, les programmes d’enseignement des matières scientifiques et les manuels contribuent souvent à renforcer les clichés sexistes. Il n’est pas rare, en effet, de voir dans les manuels de physique, de mathématiques et de SVT, des illustrations mettant en valeur le rôle des hommes dans la science au détriment de celui des filles.

C’est dans le souci de corriger ces disparités et certains stéréotypes concernant les filières ou métiers dits « d’hommes ou de femmes » et d’inciter les jeunes filles à s’orienter vers les filières scientifiques, technologiques, industrielles, mathématiques et plus tard à embrasser des carrières scientifiques  que la DEEG, en collaboration avec l’association Sciences et Technologies au Féminin (STF), organise, avec l’appui technique et financier de l’UNESCO, dans le cadre du projet du Fonds-en-dépôt UNESCO-Corée (KFIT) « Les TIC transforment , une caravane STIM dans 22 établissements secondaires.

Le lancement de cette caravane s’est déroulé le 1er décembre 2023 au Lycée des Jeunes Filles de Bouaké.

A l’issue de la journée, les élèves, quelques enseignants, et des parents d’élèves ont été sensibilisés à l’orientation des filles dans les STIM.

 Les filles se sont rendues comptes que les sciences ne sont pas si difficiles qu’elles le pensent. Elles ont découvert différentes filières en sciences et leurs débouchés.

Cette journée a également permis à certaines filles de réaffirmer leur détermination pour les sciences. Celles qui excellent dans ces disciplines ont pris l’engagement d’être disponibles pour accompagner leurs amies de classe à exceller également dans les sciences.

Cette journée a été, également, l’occasion pour l’UNESCO, la DRENA, le COGES de mesurer l’intérêt des filles.

Les filles sont intéressées, elles sont volontaires. Avec un accompagnement constant des différents acteurs tels que l’organisation Sciences et Technologies au Féminin engagée depuis 7 ans pour la promotion des STIM auprès des filles et femmes, on peut obtenir de très bons résultats

La formation pratique aide à mieux comprendre et favorise un esprit créatif et beaucoup de curiosités au niveau des élèves.

Nécessité de créer des clubs STIM et de les équiper si on veut vraiment que les élèves plus singulièrement les filles embrassent des carrières STIM.

Faire la promotion des modèles de réussite féminin locaux

Engagée une vraie politique d’accompagnement psychologique des élèves et des parents.

RECOMMANDATIONS 

Les recommandations ci -dessous, découlant des conclusions de la journée, mettent l’accent sur des points forts à capitaliser, des lacunes à combler ou des orientations nouvelles à suivre. Ces recommandations permettront d’améliorer l’action et de favoriser l’accès des filles dans les STIM :  

  • Organiser/ multiplier de façon éclatée ce type de cérémonie dans plusieurs établissements ; 
  • Médiatiser ce type de cérémonie afin de toucher un plus grand nombre d’acteurs et connaître un effet plus grand ;
  • Solliciter un temps d’antenne sur les chaînes de télévision et de radiodiffusion pour amplifier le message de sensibilisation et la lutte contre les inégalités de genre en éducation ;
  • Organiser des ateliers de renforcement des capacités des enseignants et des enseignantes des disciplines de mathématique, sciences physiques, sciences de la vie et de la terre sur l’approche genre et les stratégies innovantes d’enseignement-apprentissage des STIM ;
  • Organiser des camps STIM, des stages d’immersion dans des structures et entreprises dédiées aux sciences, ingénierie, technologie en faveur des élèves et plus singulièrement des filles ;
  • Etablir un système de mentorat des lycéennes par des étudiantes en STIM de l’ESATIC, de l’INPHB, ENSEA, STF etc.
  • Organiser des sessions de formation en développement personnel et en leadership féminin ;
  • Mettre en œuvre l’école des parents pour un meilleur encadrement de leurs jeunes ;

CONCLUSION

Cette journée de sensibilisation à travers toutes ses activités : formation, visionnage de film, pratique de la robotique, contenu ESVS, échanges et partage d’expériences a permis d’appréhender que ce qui freine les filles et les femmes à rejoindre les filières et carrières STIM c’est la persistance des stéréotypes, le manque de confiance en leurs capacités, l’influence parentale, celle des pairs, la non mise en valeur des modèles et mentors féminins. Les questions structurelles notamment celles de l’environnement scolaire peu protecteur, du manque de laboratoire et d’utilisation de procédés et de stratégies ludiques et innovantes ont été également citées. Le manque de patience des enseignants a été aussi mis en cause. A cet effet, des recommandations fortes ont été formulées.

En conclusion, retenons que la Journée dénommée ‘STIM pour elle’’ organisée par l’association Sciences et Technologies au Féminin sous financement Unesco dans le cadre du projet du Fonds-en-dépôt UNESCO-Corée (KFIT) « Les TIC transforment sous la supervision du ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation a travers sa direction de l’égalité, de l’équité et du genre, a permis de sensibiliser la communauté éducative pour une prise de conscience de la sous-représentation des filles en sciences et des inégalités de genre en éducation. Il a été démontré que les filles ont des réelles potentialités d’où la nécessité de stimuler l’intérêt de celles-ci pour les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM) en vue de leur orientation dans ces domaines porteurs d’emplois.

Les rapporteur(e)s

Madame Christelle OGO, présidente de l’association de STF

Madame PITA, Sous-directrice du Renforcement des Capacités (DEEG)

M TEBY Marc, Chef de service communication (DEEG)

BILE Echua Elisabeth Jasmine Ambassadrice STIM/STF

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